Page:Annuaire encyclopédique, V.djvu/262

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
(517)
(518)
ECONO

peu a peu les passions s’apaisent, les ateliers fonctionnent ; les cours se sont faits avec quelque resistance au debut, de la part des jeunes gens surexcites par de mauvais conseillers, mais ils se sont faits ; et si les membres de l’Academie ont pu elre un instant piques , ils sont trop devoues au bien public pour ne pas abjurer toute > rancune aussit&t qu’ils se seront pen6- tres des excellents resultats des nouyelles mesures.

L’activit6 donn^e aux esprits par cette polemique n’aura pas et6 inutile : elle a fait voir et toucher le fond des choses. Maintenant il ne s’agit plus que de se recueillir. II faut travailler, reflechir, utiliser les elements d’etude que Ton met a la disposition des artistes. Chaque pas en ce sens sera marque par un progres. Il a fallu une grande fermet6 et la certitude de faire le bien pour assumer sur spi la responsabilite d’un tel acte, et le marechal Vaillant a<pu dire en toute assurance a l’empereur :

« Ce ne sera pas un des moindres titres a la reconnaissance de la posterite pour le gouverneWent de votre Majest6 d’avoir accompli, apres mure réflexion et apres une etude serieuse de cette grave question, une reforme essayee vainement plusieurs fois depuis le commencement’du siecle et d6siree ardemment par toutes les personnes qui s’int^ressent au developpement des arts en France. »

Dans sa puissante initiative, l’empereur a voulu que, pour la gloire.de l’ecole francaise, il fut accompli un ensemble de reformes radicales dans l’administration des beaux-arts ; il les a places dans les attributions du ministre de sa maison, le marechal Vaillant, un savant et un lettré, qui goute toutes les formes intelligentes de la beaute. 11 a cree la surintendance des beaux-arts et l’a confiee a M. le comte de Nieuwerkerke , qui , comme directeur general des musees , a fait depuis longtemps ses preuves d’homme de gout et d’ administrate ur. En quelques mois nous avons vu se manifester les effets de la sollicitude imperiale.

On n'a pas oubli6 les paroles prononcees par le marechal Vaillant et M. de Nieuwerkerke lors de la distribution des recompenses qui suivit le Salon de 1863. Ces discours faisaient prevoir une reorganisation complete des expositions.

Le reglement pour le Salon de 1864 est venu depuis justifier l’attente du public, donner pleine satisfaction aux interets les plus generaux et aux interets particuliers, aux interet3 de Part et des artistes. Peu de temps apres; M. le surintendant des beaux -arts livrait a la publicite son rapport sur les travaux executes au’ Louvre depuis" quatorze annees, rapport si important et qui resume une periode d’actiyile sans egale dans les annales de nos musees.

De tels precedents avaient fait concevoir de plus hautes esperances. L-attention etait depuis longtemps portee vers I’enseignement; dont les reglements vermoulus craquaient de toutes parts, s’en allaient en ruines au detriment de notre ecole nationale. On appelait secretement une reforme; on y a compte des le jour ou Ton a vu radministration des arts remise entre les mains du marechal Vaillant et de M. de Nieuwerkerke. L’attente du public a ete largement et noblement remplie. J’ajoute meme quelle a ete singulierement depassee par l'annonce du Grand prix de l'Empereur, prix quinquennal de cent mille francs que l’empereur a fond6 sur sa liste civile pour l'oeuvre d’art la plus importante et la plus remarquable executee dans l'espace de cinq ans. ^Jamais, on peut le dire, les arts en France n’ont recu de si puissants encouragements qu’en ce temps-ci. Ernest Chesneau.

ÉCONOMIE POLITIQUE. — Bien que l'annee 1863 n’ait pas ete marquee par une theorie a fracas comme celle de Macleod en 1862, elle a vu eclore neanmoins plusieurs ouvrages interessants, fruit de recherches consciencieuses qui ont plus de valeur que des hypotheses brillantes destinees a ne vivre qu’un jour. Aujourd’hui c’est i’etude des faits economiques qui preoceupe surtout les investigateurs: on com pare a l’ aide de la statistique la situation economique des nations modernes ; ,on ouvre des enquetes consciencieuses sur des points de detail dont la connaissance complete sera d’un grand interet pour la science; enfin on remonte jusqu’au passe, et des monographies bien faites nous devoilent le jeu des institutions administratives et economiques des epoques anterieures. Une autre tendance des economistes actuels consiste a vulgariser la science acquise par des resumes et des catechismes, et nous aurons a signaler plusieurs tentatives de ce genre. Enfin, si l’annee 1862 n’a pas vu naitre de discussion theorique nouvelle, une question ancienne deja, mais qui n’est pas encore definitivement jugee, celle des Banques, a ete vivement debattue.

Commençons par indiquer les travaux qui embrassent tout l’ensemble de la science économique. Nous trouvons, a ce point de vue,en première ligne l'Economie sociale au point de vue chrétien, par l'abbé Corbierb, 2 vol. in-8°. C’est un traité d’économie politique a l’usage du clerge qui, suivant l’auteur, etait reste jusqu’ici trop étranger a cet ordre d’etudes. L’abbe Gorbiere admet la plupart des opinions des economistes contemporains et cherche à les mettre d’accord avec les enseignements de la théologie, ce qui l’oblige a traiter diverses questions dont les economistes s’occupent rarement. Nous citerons en second lieu : Cournot, Principe de la théorie des recherches t in-8 Cet ouvrage est en partie la reproduction d’un travail publie par le"meme auteur en 1838, sous le titre de Recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richesses, dans lequel il