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Page:Anonyme - Al-Cheil et Esou-Li.djvu/14

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Je conçois, dit Al-Cheil, quand on est amoureux,
Qu’une femme aisément vous fascine les yeux :
Un véritable amour veut de la confiance,
Les femmes à ce mot appliquent leur science.
Leur éternel refrain c’est d’être confiant :
Et le premier trompé, c’est le crédule amant !
Soyez-en convaincus, la femme est bien moins fine
Que, généralement, l’homme se l’imagine.
Et pour tout dire enfin, notre crédulité
Fait toute sa finesse et sa sécurité.
Soyez sans abandon, et de la plus rusée,
Vous connaîtrez bientôt le fond de la pensée.
Oh ! non ! dit Moustapha, ce n’est pas mon avis ;
Je crois qu’Al-Cheil a tort. Écoutez mes amis :
C’est en ruses d’amour que la femme est féconde !
On sait que sur ce point, sa science est profonde :
Elle possède l’art de captiver un cœur,
Et l’homme le plus fin trouve en elle un vainqueur.
J’en jure par ma barbe ! Al-Cheil au fond de l’ame,
Voit bien que mieux que lui je sais juger la femme !
Eh ! bien ! reprit Al-Cheil, je vais, dans un moment,
Joindre les actions à mon raisonnement :