Page:Anonyme - Al-Cheil et Esou-Li.djvu/15

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Je veux confondre, ici, Moustapha qui me brave !
En achevant ces mots, il appelle un esclave :
Lui parlant à l’oreille il ressortit soudain,
Après que sur sa tête il eut porté sa main6.
Ne pouvant concevoir le but de cette absence,
Tous les amis d’Al-Cheil attendent en silence
Une explication ; mais il n’en dit plus rien,
Et, prenant le moka, changea cet entretien.
De chaque minarèh7 de la ville du Kaire,
Entendant du Mezzin8 retentir la voix claire,
Tous cessant de fumer et de se divertir,
Se virent à regret obligés de partir.
Sur la porte en sortant, grande fut leur surprise
D’y trouver une enseigne aussi promptement mise ;
Et leur étonnement fut bien plus grand encor
En y lisant ces mots tracés en lettres d’or :
Grace à toi, Mohammed, l’homme par son adresse
L’emporte sur la femme en malice, en finesse.
En éclatant de rire et jurant par Alla
Qu’Al-Cheil était un fou, chaque ami s’en alla.