Page:Anonyme - Al-Cheil et Esou-Li.djvu/28

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Au lever du soleil on vint, suivant l’usage,
Pour le complimenter sur son beau mariage.
Al-Cheil était rêveur et tout déconcerté ;
On ne lui voyait plus cette franche gaîté
Qui faisait envier son heureux caractère.
Son air triste et pensif cache quelque mystère ;
En vain tous ses amis espèrent-ils savoir
Quel en est le sujet ; il trompe leur espoir.
Al-Cheil se gardait bien, dans cette conjoncture,
De dire le motif de sa mésaventure.


Sortant d’une moskèh50, Al-Cheil vit, par hasard,
La perfide Esou-Li qui venait d’un bazar51.
En la reconnaissant à sa mise élégante,
Et surtout à son pied, à sa taille charmante,
Il l’aborde en disant : quel génie infernal
A donc pu te pousser à me vouloir du mal ?
Je ne te connais pas ! Ainsi rien, je le pense,
Ne peut justifier ton affreuse vengeance.
— Ta seule inscription excita ma fureur !
— Quoi ! c’est pour cet écrit que tu fais mon malheur !