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brun de la montaigne

CLXXXV

« Sire, » dit li varlès, « je sui au roy Artu
« Qui est roy des faés, et s’a tant de vertu
« Que tuit bien sont en lui plainement contenu.
3240« Alez vous ent a li : tout i sont retenu
« Qui sévent bouhorder [ou] de lance ou d’escu.
(f° 69)« Quiconques soit a lui il l’a tost pourveü,
« Si que je croy que vous avez molt atendu.
« Or n’ait de vo cheval jamais regne tenu
3245« Si l’aiés plainement en sa court enbatu.
« Je m’en vois, vous m’avés molt longuement tenu.
— Or me di, » ce dit Bruns, « amis, quel part vas tu
« Qui es si bien montés sur l’auferrant crenu ?
— Sire, » dit li varlès, « bien vous ai entendu,
3250« Ja vous sera compté et tout par moy seü.

CLXXXVI[1]

« Sire, » dit li varlès, « c’est verité prouvée
« Que la cousine Artu, c’on dit Morgue la fée,
« Qui d’Ogier le Danois fu moult lonc temps privée,
« Si a nouvellement une feste criée
3255« Qui sera an nouvel le premier c’om abée,
« Et je le vois noncier tout parmi la contrée,
« A la fin que la feste en soit plus honnorée,
« Car il i doit avoir la plus noble assemblée
« Qui onques d’omme fust veüe n’esgardée ;
3260« Car planté i avra dames de renommée,
« Et chevaliers ausi dont la feste ert pueplée.
« Et si n’i a de ci pas plus d’une journée,
« C’om n’i fust l’andemain avant nonne sonné[e]. »
Et quant Brun l’entendi, s’a grant joie menée,

  1. — 3261. ert, ms. est.