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préface


Bibliothèque nationale s’est trouvé entre ses mains, et il s’est assuré qu’aucun catalogue ne mentionne un second exemplaire de ce roman.

Notre ancienne littérature fait des pertes plus regrettables, et ce qui nous reste de Brun suffit à nous consoler de ce qui nous manque. Car les notions que ce roman fournit à l’histoire littéraire, et aussi, nous le verrons plus loin, à l’histoire de notre versification, se laissent déduire des 3900 vers conservés, et la fin de l’ouvrage y ajouterait peu de chose.

C’est, en effet, une œuvre assez ordinaire que Brun de la Montaigne. Le romancier inconnu qui l’a composée ne se recommande ni par la puissance de l’imagination, ni par le brillant du style. Ses récits, les discours qu’il met dans la bouche de ses personnages, offrent cette prolixité monotone qui est si fréquente dans les compositions du xive siècle. Les personnages eux-mêmes ont les manières compassées et le ton cérémonieux que les hérauts avaient mis à la mode, et qui s’étaient peu à peu substitués, pour le plus grand dommage de la poésie, aux allures autrement vives des jongleurs des siècles précédents. Il est bien possible que notre auteur fût lui-même héraut d’armes. Le relief qu’il donne au rôle du héraut dans le récit du tournoi, conduirait à cette conclusion.

Il faut du moins lui savoir gré d’avoir pris pour point de départ de son roman une croyance populaire dont il a tiré parti non sans habileté.

Avant lui, sans doute, on avait représenté les fées