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brun de la montaigne

CCXVII[1]

— Ma dame, il a en vous avocate soigneuse,
« S’a vous apertenoit vous serïez piteuse ;
« De sa besoigne faire estes forment soigneuse,
3790« Car se c’estoit pour vous s’estes vous curïeuse.
« Se vous le me nommés vous serés scïenteuse,
(v°)« Car je sui du savoir vraiement desireusse,
« Afin que vers l’amant puisse estre plus piteuse ;
« Et quant j’ai tel ami, estre doy gaieteuse ;
3795« Mais que sache son non, pas ne li er crueusse,
« Et ne serai vers lui nullement orguilleuse ;
« Car s’il est vrais amis je serai amoureusse
« Ou non de bonne amour qui est trés vertueuse. »

CCXVIII[2]

Quant la dame ot assés enquis et demandé
3800Qui li varlès estoit qui ot enamouré
Son cuer pour soie amour, et d’amour enflambé,
La dame li a dit doucenent et de gré :
« Ce est d’un gracïeus varlet et bien sené,
« Et qui en son cuer a trés parfaite honnesté.
3805« Il est nobles et biaus et parfais en bonté,
« Et si a avec ce trés parfaite biauté. »
La dame li a dit : « Je l’ai moult acheté.
« Vous le me deüssiés pieça avoir nommé,
« Pour faire d’un ami avoir le non d’amé,
3810« Car espoir li avrai je assés tost acordé ;
« Mais qu’il soit gentis nom et de haut parenté. »
Et respondi la dame : « Ouïl, en leauté,
« Et si a en son cuer trés parfaite honnesté,
« Et si avés de lui trés pieça l’amisté.

  1. — 3790. Car, corr. Com ? — 3795. ert.
  2. — 3814. amitié.