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préface


liant[1] avaient été célébrées dès le xiie siècle par Vuace, qui y croyait peu[2], par Chrétien de Troyes et par Huon de Mery[3] qui s’étaient surtout attachés à décrire les propriétés qu’avait la source de Barenton d’exciter des tempêtes lorsqu’on répandait son eau sur les roches voisines. Mais il ne semble pas qu’aucun autre roman que Brun de la Montaigne nous ait fait connaître l’usage, qui a bien certainement dû exister, de porter les nouveau-nés auprès de la fontaine[4] où les fées « conversaient ». Vuace disait seulement :

La solt l’en les fées veeir
Se li Bretun nus disent veir.

On peut dire que la partie la moins faible du poëme est celle où l’auteur nous représente les fées groupées autour de l’enfant, donnant cours à leurs sentiments, celle-ci bienveillante, celle-là cruelle, échangeant des

    « Ne par homme vivant ne puist estre traïs. »
    Et dist Morgue la fée : « Or ay oy vos diz :
    « Et je veul qu’il ne muire par homme qui soit vis
    « Tant qu’il ara esté mes drus et mes amis,
    « Et dedens faerie veüz tous mes deliz ;
    « Et le tien a baron et est li miens maris. »
    Lors lui baisa la dame et la bouche et le vis ;
    Don s’en est li convens sevrés et departis.

  1. Voir, sur l’histoire de cette ancienne forêt et sur les légendes qui s’y rattachent, A. Maury, les Forêts de la Gaule, 331 et ss.
  2. Rou, édit. Pluquet, v. 11515 et suiv.
  3. Le Roux de Lincy, le Livre des légendes, p. 225-34.
  4. Le roman ne dit pas que cette fontaine fût celle de Barenton.