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xiii
brun de la montaigne


paroles non exemptes d’aigreur, mais éprouvant toutes pour lui un sentiment d’affection mêlé d’envie :

1050Il sembloit tout adès qu’entre elles .iij. tençoient,
Mais amoureusement l’enfançon regardoient,
Et li en regardant, doucement gracïoient,
Et tous dis en leurs cuers parfaitement pensoient
Comment si petis dons a li doner ossoient ;
1055Mais ens ou regarder l’enfant se delitoient,
Et après les regars a la foys le baissoient.
Ainsi avec l’enfant doucement se jouoient.

Nous n’avons aucun moyen de déterminer avec précision l’époque où fut composé Brun de la Montagne. Les caractères de la langue comme le ton général du récit indiquent le xive siècle, et plutôt la seconde moitié que la première ; mais je ne vois aucun trait qui permette de serrer de plus près la date cherchée. Il est évident, comme je l’ai dit plus haut, que l’auteur connaissait le roman d’Ogier, sous une forme relativement très-récente, celle où la fée Morgue préside à la naissance du jeune enfant [1]. Ce roman, qui est postérieur non-seulement au vieux poëme de Raimbert, mais même aux Enfances Ogier d’Adenet, a été d’abord rédigé en vers de douze syllabes, puis mis en prose. Du texte en vers, nous avons deux mss. [2], et le texte en prose a été

  1. Voy. au Vocabulaire, Morgue et Ogier.
  2. Arsenal, B. 1. fr. 190, et Musée britannique, 15 E vi, fol. 82 à 207. Le ms. de l’Arsenal est de la fin du xive siècle. Deux extraits en ont été donnés par Barrois, dans sa préface d’Ogier de Danemarche, p. lxiij-lvij. Sur le ms. de Londres, qui est du xve siècle,