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brun de la montaigne

Quant Butor vit sa fame, errant l’a salué,
1935Et si li a dit : « Dame, or oiés mon pensé :
« Dieu vous a pourveü par sa douce pité
« De tretout ce que vous m’avïés hui parlé :
« Sachiés nous avons bien saint Pere a l’uis trouvé :
« Se cent ans eüssions a no povoir vissé,
1940« Nous n’eüssions, je croy, point si bien encontré ;
(f° 42)« Car nous avons nourrice a nostre voulenté
« Pour nourir l’enfançon que vous avés porté. »
La dame respondit : « Dites vous verité ?
— Oyl, » ce dit Butor, « et par ma loiauté,
1945« Onques ne vi plus belle en tretout mon aé ;
« Vo chambre resplendit toute de sa biauté :
« Digne est bien de tenir une grant roiauté.

CX[1]

— Dame, » ce dit Butor, « digne est d’estre roïne ;
« Sans plus de sa biauté vostre chambre enlumine.
1950« Mais or le regardés, comme a couleur sanguine !
« Comme elle a bel viaire, et de biauté roïne !
« Je suis tretous certains que la vertu divine
« A tout mis son povoir a li faire enterine.
« Mais regardés quel cors, du chief jusqu’à l’eschine !
1955« Et regardés aussi son col et sa poitrine :
« Il est plus blans cent foys que florie aubespine.

CXI[2]

— Sire, » ce dit la dame, « elle est et belle et gente :
« Je croy c’onques de lui n’en vi plus a m’entente.
« Sire, or li demandés, par amour, sans atente,

    — 1936. pitié. — 1938. Corr. la mére al ni t. ? cf. Le Roux de Lincy le Livre des proverbes françois, I, 187.

  1. — 1951. Corr. rovine.