son épée, et fait une seconde blessure à Élie, Élie le saisit par le bras et lui enleva violemment son épée ; et quand celui-ci eut perdu son épée, il prit la fuite. Alors arriva Hector le troisième[1], et Élie le frappa aussitôt avec l’épée et le lança mort à terre. Là dessus il prit son cheval et dit à Galopin : « Dieu me garde dans sa grâce et me délivre de cette maudite troupe de païens, comme il est vrai que je ne t’abandonnerai jamais quand[2] même je devrais m’exposer à la mort ! Prends maintenant ce cheval, car tu l’as bien mérité ! » Alors Galopin dit : « Seigneur chevalier, noble ami, que ferai-je de ce cheval ? je ne puis ni le pousser[3] ni le tourner ; si je montais sur son dos, je tomberais tout aussitôt en bas. Prenez plutôt celui qui est le meilleur de ces chevaux ; et moi, je prendrai cet écu doré aux attaches vertes qui est là à terre ; et je conduirai par la bride ce destrier arabe, et s’il ne me[4] suit pas aussi vite que je veux, je le tuerai aussitôt avec ma massue pour que nos ennemis ne s’en servent pas. »
(XXIII)
Quand Élie eut entendu ce que disait le larron, qu’il allait si vite à pied qu’il ne voulait pas de cheval, il le laissa faire comme il voulait. Mais[5] ils perdirent la route qu’ils devaient suivre, car il s’éleva une telle obscurité qu’ils ne purent reconnaître aucun chemin, et ils allèrent errant dans le voisinage de Sobrie, la ville importante ; et ce fut vraiment pitié qu’ils fussent arrivés là, car avant que le soir ne vienne, il pourra bien leur échoir souci et danger, douleurs et tribulations. À la porte du château, devant eux, se tenait Jossé qui, le même jour, avait poursuivi Élie et l’avait blessé ; et aussitôt qu’il les vit, il s’élança et disparut, et courut aussi vite qu’il put à la