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élie de saint gille

dactions concordent, d’une part, jusqu’au v. 775 de F et, de l’autre, jusqu’à la phrase de S (p. 120) : « ils trouvèrent que le conseil... » À partir de là, il y a bouleversement dans l’ordre des laisses (voy., p. 120-128, les chiffres correspondants des laisses de F et de S). La faute est évidemment imputable au ms. fr. qui a servi au traducteur norvégien. Le scribe ou plutôt le jongleur, auteur de ce ms., a confondu dans sa mémoire les deux tirades en u XXIV et XXVI, et après le v. 775 a placé les vers 873 et suivants. Cette première erreur a jeté le trouble dans l’ordre des épisodes : le jongleur a tâché d’y remédier en multipliant les transitions. Mais, dans son oubli, il avait sauté les vers 776-794, où est racontée la manière dont Élie apprend son nom à Guillaume, qui se hâte alors de courir à Saint-Gilles demander secours à Julien. Il fallait pourtant expliquer la présence de Guillaume à Saint-Gilles ; le jongleur n’a trouvé rien de mieux que d’imaginer que le roi Louis a envoyé Guillaume en ambassade auprès de Julien pour le prier, lui et son fils, de venir à la cour. C’est alors que, par hasard, Guillaume apprend qui est Élie, et il raconte à Julien les malheurs de son fils (S, p. 124-125). Tout ceci est évidemment contraire à l’original, car depuis le commencement du poème, depuis le moment où Guillaume, venant au secours de Louis (v. 222), est fait prisonnier par les Sarrasins, il n’a pas revu Louis et n’a pu, par conséquent, être chargé par lui d’un message. Il faut donc admettre que tout ce passage est de l’invention d’un jongleur. Mais la fin de l’épisode est, tout au contraire, beaucoup plus rationnelle dans S que dans F. Le remanieur de la rédaction française, préoccupé déjà sans doute de relier le poème d’Élie de Saint-Gille à l’Aiol, fait demander secours par Julien à toute la famille de Monglane et surtout au roi Louis, qui devra apparaître à la fin pour marier Avisse, sa sœur, à Élie (v. 863-869) ; dans S, Julien envoie à la recherche de son fils un marchand nommé Thomas, dont « on ne raconte plus rien dans cette histoire » (p. 125), il est vrai, mais qui, dans le poème primitif, devait sans doute amener le dénoue-