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élie de saint gille

dacteurs ont traité la fin du poème. On a vu plus haut qu’à partir d’un certain point, les deux textes sont absolument différents : dans F, Élie, réfugié avec Rosemonde dans une tour, envoie un messager à Julien, qui vient avec toute la geste de Monglane au secours de son fils ; Élie, forcé de renoncer à Rosemonde, se marie avec Avisse, sœur du roi Louis, et Galopin épouse Rosemonde. Dans S, le dénouement est plus logique : Galopin, envoyé en ambassade par Élie, ramène Julien et tous ses parents ; de nombreux combats ont lieu, et Élie finit par épouser sa bien-aimée Rosemonde, tandis que sa sœur Orable épouse Gérard, fils de Guillaume d’Orange. Comment donc expliquer cette divergence, et quelle était la rédaction originale ? M. Koelbing, après avoir un instant admis que le scribe norvégien pouvait bien ne pas avoir connu la fin du texte français et avait peut-être lui-même fabriqué une fin, préfère cependant[1] une seconde hypothèse toute contraire, et conclut en disant que c’est le remanieur français qui a changé la fin et s’est écarté de l’original représenté par la saga.

Il est bien évident que la fin, telle qu’elle est donnée par le texte français, n’existait pas dans l’original ; on y voit, en effet, reparaître un personnage, Corsaut de Tabarie (v. 2428), qui avait déjà été tué au v. 341 ; de plus, l’intention où est le remanieur de relier, comme on l’a vu plus haut (p. xx), l’Élie de Saint-Gille au poème d’Aiol amène diverses circonstances certainement étrangères à la rédaction primitive : l’ap-

  1. Beitraege.., p. 131-133.