s’honore soi-même.
e toutes les figures que j’ai rencontrées dans
mon existence, déjà longue, aucune ne m’a
plus vivement impressionné que celle d’Eugène
Fromentin. — « Cet être d’art et de sentiment, »
ainsi que l’avait si justement caractérisé George
Sand, portait, en effet, inscrites sur son visage
les éminentes qualités de son âme ; et quiconque
avait vu une fois cette belle tête d’artiste, fine et
expressive, ne pouvait plus l’oublier.
C’est en 1865 qu’il me fut donné de connaître Fromentin. Il avait alors 45 ans. Il était entré dans la sérénité d’un talent incontesté et marchait à la tête de l’école de Peinture Française. Ses dernières expositions avaient été des triomphes !… Accompagné par un de ses meilleurs amis d’enfance, j’allais, pour la première fois, lui rendre visite à Saint-Maurice. Nous le trouvions dans l’atelier qu’il venait d’y faire construire, debout, devant un chevalet ; il terminait un de ses beaux tableaux : « La tribu en marche » je crois ; il nous reçut avec la courtoisie exquise qui lui était habi-