Page:Anonyme - Eugène Fromentin, 1905.djvu/31

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voulu prêter à cette exposition ; je me rappelle encore l’éclat incomparable qu’avait cette partie réservée au grand maître Rochelais.

Selon l’habitude, le jury avait décidé que les artistes décorés et médaillés étaient hors concours. Il n’y avait donc point de récompenses à décerner à Fromentin, mais le rapporteur du jury, M. L. Cador, disait : « M. Fromentin triomphe… il a créé un genre nouveau en peinture, autant dire qu’il a découvert un monde, ses tableaux ne relevant d’aucune tradition, d’aucune école ; c’est un talent original, dans la bonne acception du

    Depuis son séjour en Algérie, où Fromentin avait été frappé de la beauté des chevaux et de l’habileté des arabes à les monter, il n’avait cessé d’être hanté par cette évocation de l’homme-cheval. Dès 1852, à propos d’une course de chevaux à Blidah, il écrivait, en effet : « La fantasia, c’est-à-dire le galop du cheval bien monté, est encore un spectacle unique, comme tout exercice équestre fait pour montrer dans leur moment d’activité commun et dans leur accord, les deux créatures les plus intelligentes et les plus achevées par la forme que Dieu ait faites. Séparez-les, on dirait que chacune d’elles est incomplète, car ni l’une ni l’autre n’a plus son maximum de puissance ; accouplez-les, mêlez l’homme au cheval, donnez au torse l’initiative et la volonté, donnez au reste du corps les attributs combinés de la promptitude et de la vigueur, et vous avez un être souverainement fort, pensant et agissant, courageux et rapide, libre et soumis. La Grèce artiste n’a rien imaginé ni de plus naturel, ni de plus grand. Elle montre par là que la statue équestre était le dernier mot de la statuaire humaine… »

    (Une année dans le Sahel).