Page:Anonyme - Eugène Fromentin, 1905.djvu/38

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elle-même, était dans l’intimité, dans les moments d’abandon et de repos, le causeur le plus séduisant qu’on put voir — Quant au Fromentin moral, au Fromentin intérieur, si je puis dire, je le peindrai d’un mot, c’était une véritable sensitive. La nature l’avait fait nerveux comme une femme… Il aimait passionnément son chez lui, la vie de la famille et du foyer. Il aimait beaucoup son pays natal ; Eugène Fromentin était resté un Rochelais pur sang. »

Rochelais ! Il l’était en effet non seulement par la naissance, mais par toutes les fibres de son cœur. De son pays d’origine il aimait tout : le sol, la mer et les habitants. Lorsque ses amis de La Rochelle allaient lui rendre visite à Paris, dans son magnifique atelier de la place Pigalle[1], ils voyaient sa figure si mobile s’épanouir, et c’était toujours de La Rochelle qu’il fallait l’entretenir : sur ce sujet, la conversation était intarissable. Les meilleures pages de Dominique sont celles où il parle des lieux chers à sa jeunesse. En voyage, ses pensées reviennent toujours vers le petit coin du monde qu’il chérit, ainsi qu’une femme préférée. Quoi de plus charmant, de plus suggestif,

  1. L’atelier de Fromentin était celui de Diaz ; il l’avait acheté après la mort de ce grand artiste. Cet atelier occupait la plus grande partie d’un petit hôtel situé au no I de la Place Pigalle