Aller au contenu

Page:Anonyme - Florence de Rome, tome 1.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
10
INTRODUCTION. — CHAPITRE PREMIER

très près aux mss. M et P, il n’est nullement nécessaire de borner la comparaison entre Q et les autres manuscrits aux quelques passages donnés par L. Si donc à quelque endroit Q présente une leçon assurée, tandis que MP offrent une leçon altérée, on peut sans hésitation en tirer la conclusion que les mss, LMP forment groupe contre le ms. Q. Or, il y a au moins un passage dans Q où ce manuscrit-semble donner une leçon plus primitive que MP. C’est quand il est raconté, dans Q, que l’héroïne est chargée d’instruire, dans l’art de broder, Béatrice, la fille du bon seigneur Thierri, qui avait recueilli Florence, abandonnée dans la forêt [1]. Ce trait manque dans MP : mais, comme, dans différentes autres versions du conte sur lequel la chanson de Florence de Rome est fondée, l’héroïne est précisément chargée de soigner ou d’instruire l’enfant de son hôte [2], il y a tout lieu de croire que, pour cette donnée, Q est plus près de l’original que (L)MP [3].

  1. Voy. l’App. de ce tome, vers 2854-2849, 5360-3362,
  2. Voy., sur ces versions, le chap. vii de cette Introduction.
  3. Tout en constatant que ce trait se retrouve dans la version de notre légende que donne la Kaiserchronik, M. Wenzel (ouvr. cité, pp. 49-50) ne semble pas être fixé sur sa présence dans la source commune de Q et LMP (« on ne saurait décider, dit-il, si la source première présentait ce trait »). M. Wenzel croit-il donc que Q l’ait spontanément introduit ? Mais alors il ne devrait pas parler de « réminiscence de Crescentia ». — Voici encore quelques traits allégués par M. Wenzel (ouvr. cité, pp. 39, 47, 53) en faveur de la priorité de la version de Q, mais que nous ne pouvons pas regarder comme des preuves concluantes :

    1° Dans Q, c’est à la suite d’une trahison de Milon qu’Esmeré est fait prisonnier par les Grecs (voy. l’App., vers 1626-1682), tandis que MP parlent d’une première trahison avortée de Milon (celui-ci abandonne Esmeré a milieu de la mêlée et l’accuse ensuite d’avoir déserté) et ne laissent Esmeré tomber que plus tard entre les mains des Grecs (voy. le Texte, t. II, vers 1538-1607, 1792-1814). Il nous semble fort possible que Q ait altéré les passages en question, comme tant d’autres.

    2° Dans Q, l’épisode de l’enlèvement de Florence par Milon est