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§ 2. — CLASSIFICATION DES MANUSCRITS

traire, selon LMP, Oton a été sauvé par le frère de Milon, le bon Esmeré, et l’empereur a exprimé en mourant le désir que sa fille fût donnée à Esmeré. Si, plus tard, Florence se déclare prête à prendre Milon pour époux, c’est qu’elle croit qu’Esmeré a été tué par les Grecs [1]. On peut aisément se représenter que l’original ait prêté cet exploit à Milon pour rendre acceptable sa candidature à la main de Florence et qu’un remanieur ait préféré attribuer ce fait d’armes à Esmeré, qui est le personnage sympathique du roman. On comprendrait moins bien qu’un remanieur eût voulu diminuer les mérites d’Esmeré, en attribuant à Milon un tel exploit [2].

Q raconte que, dans une bataille, Esmeré sauve la vie au chevalier Sanson, qui lui devient par là très attaché [3]. LMP ne parlent pas de cet exploit, mais Sanson y apparaît pourtant comme l’ami dévoué d’Esmeré. Peut-être la source commune de LMP avait-elle omis le passage, qui explique si bien l’attachement de Sanson à Esmeré [4].

Ces deux preuves en faveur de l’originalité (partielle) du récit de Q par rapport au récit des mss. LMP ne peuvent pas être considérées comme absolument concluantes. Mais, comme le fragment L se rattache de

  1. Voy., pour cette rédaction, le Texte critique, t. II, vers 1468-1487, 1759-1765, 2050-2087 (le fragment L ne contient pas le dernier passage).
  2. Cf. R. Wenzel, ouvr. cité, p. 30.
  3. Voy. l’Appendice de ce tome, Vers 982-1012.
  4. Cf. R. Wenzel, ouvr. cité, p. 30, où il est dit qu’Esmeré, dans Q, acquiert également la reconnaissance du chevalier Agrevain en sauvant sa vie. Le fait est qu’Esmeré et Milon retirent ensemble Agrevain de la mêlée ; ce qu’Esmeré fait de plus, c’est qu’il donne à Agrevain un cheval (voy. l’App. de ce tome, vers 910-923 ; cf. R. Wenzel, ouvr. cité, p. 29), mais c’est Milon qu’Agrevain considère comme son véritable sauveur (voy. l’App., vers 1222-1224).