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Page:Anonyme - Florence de Rome, tome 1.djvu/49

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CARACTÈRE DE LA CHANSON

sentiel était donc ce qui constitue l’élément principal des chansons de geste : l’apparat guerrier avec tout ce qui s’ensuit. De là cette complaisance avec laquelle il s’étend sur tout ce qui touche à la guerre et aux exploits de ses personnages, tandis que les aventures de la pauvre impératrice, à part quelques épisodes où reparaît le goût de l’auteur pour les scènes de violence, sont traitées avec beaucoup moins d’intérêt personnel [1].

En tant que chanson de geste, notre poème n’est qu’une imitation peu originale d’œuvres semblables, On y rencontre tous les traits connus : les grandes batailles, les combats singuliers, les vaillants exploits individuels, les descriptions détaillées d’édifices, d’armures, etc., les répétitions abrégées, au commencement des laisses, du récit précédent, et ainsi de suite, et, si ces épisodes guerriers sont peu originaux, les héros de ces aventures ne le sont pas davantage, car l’auteur est tout à fait dépourvu de la faculté de nuancer psychologiquement les caractères. D’un côté, il y a les personnages sympathiques : Florence, Oton, Esmeré, Sanson, Agravain, Thierri, Églantine, Soplise, etc. ; de l’autre, les personnages antipathiques, les ennemis et les traîtres : Garsire, Milon, Macaire, Clarembaut, Peraut, Escot. Seul, le Grec Sinagon, bien qu’il appartienne à la catégorie des ennemis, est peint sous un jour favorable. Même la générosité de Garsire, lorsqu’il donne la liberté à Esmeré en raison des services que le père d’Esmeré lui a rendus, doit plutôt être envisagée comme une preuve de son arrogance stupide [2]. Mais ce qui ne

  1. Vers la fin de la chanson, la marche du récit devient de plus en plus précipitée, comme si l’auteur avait hâte d’en finir.
  2. Voy., pour cet épisode, les laisses LXXIII-LXXVI, v. 2156. Le v. 2147 :

    Mout fu li rois Garsires durement asoutez

    est surtout caractéristique.