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Page:Anonyme - Florence de Rome, tome 1.djvu/50

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INTRODUCTION. — CHAPITRE III

manque à aucun chevalier, même au plus antipathique, c’est la bravoure, les qualités du guerrier intrépide. Bref, pour un lecteur moderne toute la première partie, avec son continuel cliquetis d’armes, ne présente guère d’intérêt spécial, tandis que la seconde partie, le récit des aventures de Florence, si monotones qu’elles deviennent à la fin, ne manque pas d’un certain agrément naïf, pareil à celui que nous procurent les contes populaires.

Dans la plupart des chansons de geste, l’élément religieux joue un rôle important. On s’adresse toujours à Dieu dans les circonstances périlleuses, et souvent Dieu lui-même vient plus ou moins directement réconforter et secourir ses fidèles. Les noms de Dieu et des saints sont continuellement sur les lèvres des croyants, et tout personnage sympathique à l’auteur est par là même un bon chrétien. C’est que les chansons de geste reflètent fidèlement l’esprit du moyen âge, et cet esprit était empreint d’une religiosité forte et naïve. La chanson de Florence de Rome ne diffère pas, en cela, des autres chansons de geste.

D’abord, l’élément religieux apparaît dans les miracles qui trouvent place dans l’histoire aventureuse de l’impératrice de Rome. Tels sont l’apparition des bêtes sauvages qui viennent l’une après l’autre attaquer Milon dans la forêt (vers 3777-3780, 3803-3810, 3976-4002), la manière dont Florence est sauvée du naufrage et son arrivée à Beau-Repaire (vers 5425-5509), ainsi que sa faculté de guérir, par ses prières, les malades de toute sorte (à partir du v. 5658). En outre, toute la description de la vie monastique à Beau-Repaire (à partir du v. 5500) prouve l’intérêt que prenait l’auteur aux choses religieuses. Mais cet esprit religieux se montre surtout dans la manière dont l’auteur présente les hommes dans leurs rapports avec