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INTRODUCTION. — CHAPITRE V

alaïne (subst. postv. de *alẽnare [1]) 3749, 3757 ; plaine (plẽna) 3752 ; raine (rẽgnum, mot mi-savant) 3756 ; — en -ains < -anus : cerainz (serẽnus) 4759 ; plainz 4761 ; rainz (rẽnes) 4773 ; frainz 4784 ; mainz (mĭnus) 4778 ; — en -ain <-anum : sain (sĭnum) 5679 ; cerain 5680. La transition de ei à ai devant nasale se voit surtout dans les dialectes picards [2] et champenois [3], mais se rencontre aussi, à partir du milieu du xiie siècle, en normand et en francien [4].

2. enc et ĭnc latins > an. Les laisses en -ance, -ande, -andre, -ant et -anz fournissent de nombreux exemples de ce fait : Florence 274 ; entende 3211 ; mendre (mĭnor) 447 ; gent 222 ; genz 6 ; etc. Ce trait exclut nettement le picard [5] et le normand [6].

3. ĕ + yod latins > i. Les laisses en -i, -ice, -ire, -is, -ise et -iz attestent ce développement ; exemples : demi 475, 6247 ; Grice 2341 [7] ; lire 388, 3054 ; pris (prĕtium) 2413, 4741 ; Venisse 4844, 5058 ; liz (lĕctus) 3018. Ce trait appartient aux dialectes francien, champenois et picard (avec l’est du territoire normand) [8],

4. ŏ + yod latins > ui. Dans la rime en -ie on voit

  1. Cf., sur cette étymologie, G. Lené, Les subst. postverbaux dans la langue franç. (1899), p. 27.
  2. Cf. Chansons de Conon de Béthune, éd. A. Wallensköld (1891), : p. 146.
  3. Cf. Cligés von Christian von Troyes, éd. W. Foerster (1884), pp. LXI-LXII (§ 14).
  4. Cf. H. Suchier, Les voyelles toniques du vieux français, trad. Ch. Guerlin de Guer (1906), pp. 134-135 (§ 45, b-c). Nous avons eu tort de dire, dans notre ouvrage précité, que -aine < -ena serait « impossible en francien ».
  5. Cf. Chansons de Conon de Béthune, pp. 140-141.
  6. Cf. H. Suchier, Les voyelles ton., pp. 127-130 (§ 40).
  7. Grice est cependant peut-être une forme mi-savante ; cf. A. Horning dans Literaturblatt f. germ. u. rom. Phil., XXI, 289.
  8. Cf. E. Schwan, Grammatik des Altfranzösischen, neu bearbeitet von D. Behrens, 6e éd. (1903}, p. 42 (§ 50, Anm. 1).