ment palatal à la fin des mots, c’est ce que prouvent les rimes poig 841 (: -on) et lin (*lineum) 2790 (:-in). Au contraire, les laisses en -aigne témoignent d’une, certaine palatalisation de n après ai < a latin. Ainsi riment en -aigne < -anya, -enya les mots suivants des laisses VI et LXV : maigne (de mener) 168 ; plaigne (plana) 164, 1880 ; hataigne (altana) 1884. Mais, comme la laisse CXXXIII ne contient que des mots en -aineé< -ana, -ena, ainsi que le mot mi-savant raine (regnum) 3756 [1], l’identité phonétique de -aigne (<-anea) et -aine (< -ana) ne paraît pas avoir été complète dans la langue de notre auteur.
Dans les laisses en -as, -asse et -ot se trouvent plusieurs mots avec un r précédant s ou t, ce qui montre que la consonne roulée avait une prononciation très faible : espars 3152, 5880 ; ars (arsum) 3160, 5897 ; mars (germ. mark) 3175 ; chars (carros) 5882 ; esparse 4656 ; arce 4677 ; bort 5438 ; mort 5439, 5491 ; tort, 5453, 5487 ; aport (subst. postverbal) 5455 ; fort 5456, 5470, 5479 ; regort 5471. Ce trait est bien connu, et il y a donc lieu de s’étonner, non pas tant que l’auteur donne une laisse pure en -art (XLIV), car il n’y a pas beaucoup de mots en -at, mais qu’il écrive une laisse en -ort (CVIII, 12 vers) où il n’y a qu’un seul mot en -ot, un nom propre imaginaire Garnerot 3080, qui est peut-être défiguré [2].
Les laisses en -a, -é, -ié, -i, -oi et -u, à côté de celles en -aut, -oit et -ot, montrent que l’auteur ne prononçait pas un t final non-appuyé, y compris le -t des terminaisons latines verbales -ӗdit ; -uit, -iit (respondié