Page:Anonyme - Guillaume de Palerne.djvu/15

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roi d’Espagne. Alors la reine Felise aperçoit la réalisation du rêve qui lui montrait sa main droite étendue sur Rome, et la gauche sur l’Espagne.

Il serait difficile de rencontrer un tissu d’aventures plus extraordinaires et même plus absurdes que celles que nous venons d’esquisser. On trouve bien, il est vrai, dans ce récit, quelques-uns des traits qui charmaient le plus le chevalier de la Manche, et qu’il se plaisait à raconter à son écuyer : l’arrivée dans une cour quelconque d’un jeune étranger dont la naissance est inconnue, son amour pour la fille du prince qui l’a accueilli ; lorsque sa passion est découverte, sa fuite dans d’autres contrées où il se signale par des prouesses extraordinaires, pour délivrer une reine ou toute autre princesse assiégée par un ennemi puissant, et enfin, la révélation de sa haute origine qui le rend digne de s’unir avec celle qu’il aime ; en un mot, sauf quelques variantes, le gros bagage des compositions de ce genre. Mais l’auteur du roman de Guillaume, dès le début, nous étonne par son ignorance en géographie ; puis il cherche à nous convaincre de la réalité de son histoire, et il veut en corroborer l’authenticité par des citations de noms propres, tels qu’un empereur grec, Nathaniax, un patriarche, Alexis, un pape, Grégoire, précisément, dit-il, celui qui occupa le siège de Rome entre les deux papes Clément, assertion d’autant plus étonnante, qu’à un siècle environ de distance, la même circonstance se présente pour Grégoire VII et Grégoire VIII ; enfin, à côté de ces prétentions soi-disant historiques, quoi de plus invraisemblable que la fuite