Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/103

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Sommaire.

couper la tête. Si tu veux échapper à ce martyre, rends-moi mon haubert, et je te donnerai mon anneau : alors tu pourras en toute sûreté pénétrer dans le palais de Gaudisse. Tu lui aurais tué cinq cents hommes et tu l’aurais frappé lui-même jusqu’à faire jaillir son sang, que tu n’aurais rien à redouter en lui montrant ce bon anneau. L’amiral me craint ; il n’oserait encourir ma colère. Quand j’ai besoin d’argent ou d’hommes d’armes, je lui envoie cet anneau par un des miens, et j’obtiendrais ainsi de lui jusqu’à cent mille hommes. » — Huon n’accepte pas l’échange ; il ne rendra pas le haubert, et il aura l’anneau en tuant le géant. — Combat de Huon et de l’Orgueilleux. — Défaite et mort du géant. — Huon lui coupe la tête et la veut pendre à la muraille, mais il ne peut la soulever. Il rend grâce à Dieu de sa victoire, et d’une des fenêtres du palais, il l’annonce à ses compagnons. À cette nouvelle, ils accourent, se jettent au cou du jeune preux, et voyant le géant à terre, s’étonnent qu’il ait pu venir à bout d’un tel ennemi. Ils font fête à la fille du comte Guinemer, et passent joyeusement la nuit dans le château, où ils trouvent à manger et à boire en abondance. P. 148-157.

Le lendemain, Huon se lève de grand matin ; il appelle ses hommes et leur dit : « Il faut maintenant que je vous quitte ; restez ici, et si vous m’aimez, attendez-m’y une quinzaine. Au bout de quinze jours, si vous ne me revoyez pas, rentrez en France, saluez Charlemagne de ma part, et dites-lui comment je me suis comporté. » Mais, au lieu de quinze jours qu’il leur demande, ses compagnons lui promettent de l’attendre un an entier. — Départ de Huon. — Il arrive bientôt au bord de la mer ; mais comment passer outre ? Il n’y a là ni gué, ni pont, ni