Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/109

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Sommaire.

comment se porte Yvorin ? — Très bien, sire, dit Jérôme. Salut et amitiés de sa part. Voici douze Français qu’il a pris dernièrement et dont il m’a chargé de vous faire don pour les tenir en prison jusqu’à la saint Jean d’été et les livrer ce jour-là à vos archers, auxquels ils serviront de but. Pour cette dame que vous voyez, vous la mettrez, sire, avec votre fille : elle lui enseignera à bien parler français. — Volontiers, répond Gaudisse ; mais maintenant, dis-moi comment tu t’appelles. — Tyacre est mon nom, répond Jérôme. — Eh bien, Tyacre, reprend l’amiral, tu seras dorénavant mon chambellan ; je te donnerai les clefs de ma prison, et tu garderas ces Français, que tu n’aimes guères sans doute. Prends soin, toutefois, qu’ils ne meurent point de faim comme fit dernièrement Huon, un jeune bachelier que m’envoya Charlemagne. » P. 177-182. — À ces mots Jérôme est transporté d’une telle colère, qu’il se saisit d’un bâton pour en frapper l’amiral, mais, réflexion faite, il en donne un coup à chacun de ses compagnons, qui n’osent souffler mot, et les conduit ainsi à la prison. — Esclarmonde, qui le croit son cousin, l’aborde et lui confie que la mort de Huon est une fable de son invention. Elle le prie de ne la point trahir. Mais Jérôme se méfie de cette confidence et ne lui répond rien. — Les Français emprisonnés sont reconnus par Huon. — Leur joie en le retrouvant. — « Où est Jérôme ? demande Huon. — Il a renié Dieu, répondent-ils, et c’est lui-même qui nous a jetés dans cette prison, après nous avoir battus à outrance. Il a fait accroire à l’amiral qu’il est son neveu et se fait appeler du nom de Tyacre. » — Huon ne fait que rire de cette réponse : il a pénétré la ruse de Jérôme. P. 182-185. — Bientôt, en effet, Jérôme,