Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/117

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Sommaire.

Arrivée de Huon et d’Instrument au palais de Monbranc. — Pour faire diversion à son chagrin, Yvorin veut entendre le ménestrel, qui joue de la vielle et de la harpe de façon à ravir tous les païens. Huon ramasse les manteaux qu’on jette de toute part à son maître. « Voilà un beau jeune homme, dit l’amiral ; c’est grand dommage qu’il soit au service d’un ménestrel. — On ne saurait trouver meilleur serviteur, dit le vieillard. Il me porte mon bagage et mes instruments, et me charge moi-même sur son dos lorsqu’il y a à passer quelque mauvais pas. — Oui, reprend l’amiral, jusqu’au jour où il te tuera pour te dépouiller de ce que tu auras amassé ! Fais-le-moi venir. » P. 217-220. — Huon s’avance près d’Yvorin, qui l’interroge et lui fait honte de sa fainéantise. « À quoi songes-tu ? lui dit-il, tu serais mieux fait pour garder un château que pour servir un ménestrel. Tu ne sais donc aucun métier ? — Si vraiment, répond Huon, j’en sais beaucoup, écoutez plutôt. — J’écoute, dit l’amiral, mais prends bien garde de te vanter, car je te mettrai à l’épreuve. — Sire, dit Huon, je sais nombre de métiers : je sais fort bien mettre un épervier en mue ; je sais chasser le cerf et le sanglier ; je sais corner la prise et donner la curée aux chiens ; je sais très bien servir à table ; je sais jouer mieux que personne aux dés et aux échecs. — Je t’arrête là, dit l’amiral ; c’est au jeu d’échecs que je te veux éprouver. — Sire, laissez-moi achever, et vous me soumettrez ensuite à telle épreuve que vous voudrez. Je sais encore endosser un haubert, porter l’écu et la lance, et faire galoper un cheval. Je sais aussi prendre ma part d’une mêlée, et, pour y donner de rudes coups, on en pourrait trouver de pires que moi. Je ne sais pas moins bien pénétrer dans les