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Préface.

terrompu. Suivons-les dans cette longue carrière, où ils ont eu la bonne fortune de rencontrer et d’intéresser en leur faveur, et Shakespeare et Wieland et Weber, ces trois illustres patrons qui ont ravivé leur gloire et lui ont prêté un éclat qu’elle n’aurait jamais eu sans eux. Mais disons d’abord ce qu’ils doivent au vieux trouvère dont ils sont les enfants.

Ce poëte ne nous a fait connaître ni son nom, ni son pays, ni le temps où il vivait. Sur le premier point, nous avons tout sujet de respecter sa modestie ; sur les deux autres, il est assez facile, nous le croyons du moins, de suppléer à son silence.

Il a évidemment composé Huon de Bordeaux à l’époque où la veine héroïque commençait à s’épuiser, où les contes bretons s’emparaient déjà de la faveur réservée jusqu’alors aux chansons de France, où les poëmes d’aventure allaient bientôt remplacer les poëmes historiques ou prétendus tels, c’est-à-dire les chansons de geste. Cette époque, selon nous, comprend la fin du XIIe et les premières années du XIIIe siècle. Notre poëme n’a pas pu être composé beaucoup plus tard ; nous essayerons de le démontrer tout à l’heure ; il n’a pas dû l’être beaucoup plus tôt : le caractère même du récit ne nous semble pas permettre de lui assigner une date antérieure. Qu’on en juge par cette rapide analyse.

Séguin, duc de Bordeaux, est mort depuis quatre ans, laissant deux fils, Huon et Gérard, dont l’aîné est le héros de ce poëme. Les deux jeunes damoiseaux n’ont point encore relevé leur