Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/13

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Préface.

fief, selon le langage du temps ; en d’autres termes, ils ne sont point encore venus rendre hommage à Charlemagne, leur suzerain. Un traître qui convoite leur héritage, Amaury de la Tour de Rivier, les dénonce comme des vassaux rebelles au moment où le vieil empereur, accablé sous le poids des années, songe à faire passer sa couronne sur la tête de son fils Charlot. Charlemagne ne saurait abdiquer avant que son pouvoir soit partout reconnu : il s’apprête donc à punir les fils de Séguin. Mais le duc Naimes, leur oncle, intercède en leur faveur, les excuse sur leur jeune âge, et demande qu’au moins ils ne soient pas condamnés sans être entendus. L’empereur y consent. Huon et Gérard sont mandés à Paris, où ils s’empressent de se rendre. Sur le point d’y arriver, ils tombent dans une embuscade dressée par Amaury, qui a réussi à se faire de Charlot un complice et un instrument. Charlot blesse grièvement le plus jeune des deux frères ; mais il est tué lui-même par Huon. Belle occasion pour Amaury de satisfaire sa haine ! Il laisse Huon poursuivre sa route, et n’arrive qu’après lui au palais de Charlemagne avec le corps tout sanglant de Charlot. « Voici ton fils, dit-il à l’empereur ; voilà son meurtrier », ajoute-t-il en lui désignant Huon.

La colère de Charlemagne est égale à sa douleur. Il veut la mort de Huon, qui cependant n’a fait que tirer vengeance d’un traître ; il le tuerait de sa propre main s’il n’était retenu par le duc Naimes. À la fin, pourtant, abandonné par ses pairs, dont il a refusé d’écouter les représentations et les prières, l’empereur consent à