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Huon de Bordeaux

« A nostre mere que souef nous nouri.
— Ne plache Dieu, Hues li respondi,
« Que jamais voie de Bordele la cit
« S’aie véu le roi de Saint Denis.
« Se truis Karlon, l’emperere al fier vis,
« De traïsson l’apelerai por ti,
« Qu’en son conduit nous vaut faire mordrir. »
Dist Gerars : « Sire, faites à vo plaisir. »
Adont brocierent les bons cevax de pris ;
940Droit vers Paris se sont al cemin mis.
Et chil du bruel apielent Amauri :
« Que ferons nous, rices quens poestis ?
« Karlos est mors, li damoisiax de pris ;
« Laisserons nous issi aler ces vis
« Qui ensement l’ont devant nous ocis ? »
Dist Amauris : « Entendés à mes dis :
« Laissiés le ester ; Dix le puist maléir !
« Et si laissons ces dolens orfenins,
« Ses poursievons à le cort, à Paris.
950« Quant nous venrons ens u palais votis,
« Devant le roi qui tant est poestis,
« Pardevant lui li meterai son fil.
« A me parole vous accordés toudis ;
« Tant vous donrai, si me soit Diex aidis,
« Que tous jours mais en serés raemplis. »
Et chil respondent : « Tout à vostre devis. »
Hors du bruellet sont maintenant parti,
A Karlot vinrent qui gisoit u larris,
Qui ert fendus enfressi ke el pis.
960Avant passa li cuivers Amauris ;
Il et si homme si ont Karlot saisi,
Et si l’ont mis sor .i. escu votis.
Amauris monte sor .i. cheval de pris,
Devant lui [blieve] le damoisel gentis ;