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Préface.

soumises aux savants les plus compétents, et voici ce que nous avons appris.

L’origine d’Oberon n’est pas orientale. M. Ernest Renan nous a détourné de la chercher dans cette direction. Elle est peut-être germanique. On l’a dit du moins, et répété depuis longtemps en Allemagne, en Angleterre, en France[1]. D’après cette opinion, notre Oberon ou plutôt Auberon (car c’est la forme primitive de son nom), ne serait autre que l’Elberich ou Alberich de l’épopée héroïque allemande. Alberich joue un rôle assez important dans les Nibelungen : il est le chef des nains qui gardent le fameux trésor conquis par Sigefrid ; son principal attribut est une cape qui le rend invisible. Dans une des branches du Heldenbuch, il est roi des nains, habite le Caucase, et c’est chez lui que Wieland (le Galan de nos chansons de geste) apprend le métier de forgeron. Dans une autre branche (Sigenot), un nain qui se dit issu du roi Albrecht, donne au héros une pierre précieuse qui le nourrira, s’il a faim, le désaltérera, s’il a soif. Dans une troisième branche (Laurin), le roi des nains, marche à la tête de soixante mille guerriers qu’il rend invisibles comme il lui plaît ; il s’appelle Walberan (forme bien voisine de celle d’Auberon), et

  1. Voyez Grässe, die grossen Sagenkreise des Mittelalters, p. 346, où le savant bibliographe cite Dobeneck, des deustchen Mittelalters Volksglauben, t. II, p. 101 (2 vol. in-8o précédés d’une préface de Jean-Paul Richter, 1815), et Th. Keightley, the fairy mythology, illustrative of the romance and superstition (Londres, 1833, 2 vol. in-8o). — V. aussi l’Histoire de la poésie Scandinave, de M. Edelestand Du Méril, p. 325, note 1, et 380, note 2.