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Préface.

les critiques allemands ne doutent pas de l’identité de Walberan et d’Alberich. Mais c’est dans le poëme d’Otnit qu’il joue le plus grand rôle : il accompagne sans cesse le héros de ce poëme, lui donne des armes merveilleuses, l’aide à conquérir la fille d’un roi païen, etc., etc. Ici le nain est un excellent chrétien. Il reparaît sous les mêmes traits et avec les mêmes qualités dans le poëme de Wolfdietrich, qui est une continuation d’Otnit.

On comprend que ces analogies aient pu faire croire à l’origine germanique d’Oberon[1]. En voici d’autres qui ont conduit M. de la Villemarqué à lui attribuer une origine celtique. Nous reproduisons ces curieux rapprochements tels que nous les devons à sa science et à son obligeante amitié.

  1. L’auteur des Antiquitez de la Gaule Belgicque, Richard de Wassebourg, archidiacre de l’église de Verdun, n’a pas hésité dans ce livre publié en 1549 à traduire Albéric par Auberon. Jacques de Guise, ou plutôt un certain Hugues de Toul, cité par Jacques de Guise, raconte une histoire merveilleuse de Alberico rege, filio Clodii regis Francorum (Annales du Hainaut, t. VII, chap. vi). Cet Alberic était, d’après lui, l’un des trois fils de Clodion ; il passa pour enchanteur, incarminator, et vécut dans les bois comme Auberon. Voilà pourquoi sans doute Richard de Wassebourg, en rapportant la légende de Hugues de Toul, a donné le nom de notre nain à l’Albericus du chroniqueur latin, si bien qu’on lit dans son ouvrage des indications comme celles-ci :

    Mons en Haynau édiffié par Auberon.
    Victoire de Auberon contre les Meroniens, etc.

    Dans un livre intitulé les Chroniques de l’Ardenne, etc. (Paris et Nancy, 1851), M. Jeantin a reproduit, à son tour, la traduction de Richard de Wassebourg, et Auberon l’enchanteur figure au lieu d’Alberic dans le XIIe Chapitre du tome 1er de ce livre.