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Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/33

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xxiij
Préface.

les chefs, devant le bras duquel des bataillons entiers tombent plus vite que les joncs coupés par la faux. » (Myvyrian, T. I, p. 165.) — Quel plus grand guerrier qu’Auberon ? Quel roi a plus de soldats à son service ? Qui remporte plus de victoires à son gré ? »

« Et, malgré ce dont il est capable, Gwyn n’a aucune apparence, aucun air belliqueux ; bien au contraire, il n’a pas trois pieds de haut, il est faible et délicat, et sans un cor à chanter (Korn kanu) qu’il porte au cou comme un chasseur qu’il est, on le prendrait pour une jolie petite fille de quatre à cinq ans. — De même, Auberon est un nain d’une merveilleuse beauté : il a l’air d’un chasseur ; à son cou pend un cor d’ivoire qui fait chanter tout le monde. »

« Mais Gwyn n’est pas seulement un petit roi guerrier, c’est le roi des fées et du monde enchanté (Brenin ann doufn), et son cheval, appelé Karn-Groun, peut le porter en un clin d’œil d’un bout de la terre à l’autre. Il a la faculté de se métamorphoser ou de donner sa figure à qui bon lui semble. Il connaît tous les secrets de la nature, et, à l’inspection des étoiles, il a le don de prédire tout ce qui doit arriver. (Myvyrian, T. II, p. 71.) Néanmoins, il n’emploie son savoir qu’à faire du bien aux humains, et il l’a prouvé à la fille du roi Ludd (la Cordelia de Shakespeare), pour laquelle il s’est épris d’un grand amour. Un jour, il voulut montrer son amitié à un saint solitaire nommé Kollenn, et l’invita à venir dîner dans son palais magique. Le saint, malgré trois invitations, hésitait ; il se