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Préface.

« Il y a longtemps, nous écrit-il, que j’ai été frappé de la ressemblance de notre Oberon avec un personnage de la féerie celtique appelé Gwyn-Araun ou Gwenn-Aron : ressemblance de nom, d’abord, car Gwyn signifie blanc (albus, aube)[1], et Araun, qui répond à superus, indique ici, selon toute apparence un être surnaturel, surhumain. Le nom d’Auberon, dans sa première moitié, me paraît traduit de Gwyn ; dans la seconde, il reproduit, avec une légère modification, le mot Aron même, qu’on n’aura pas traduit parce qu’on ne l’aura pas compris, ou qu’on n’aura sû comment le rendre. »

« À cette analogie de nom s’en joignent d’autres plus saillantes :

« Gwyn-Araun est sorti comme un éclair d’un nuage (ab nudd), disent les traditions galloises, et a été nourri par Morgan, la magicienne, la reine des fées. — Notre Auberon aussi est fils de la fée Morgue ou Morgane (c’est la même) ; seulement les romanciers français, qui n’entendaient rien au mythe celtique, ont pensé lui donner l’origine la plus illustre du monde, en ajoutant que Jules César était son père. »

« Gwyn était invoqué par les hommes de guerre dans les plus anciens poëmes gallois, comme « celui qui fait vaincre l’ennemi et procure un large butin, » comme « un chef supérieur à tous

  1. M. de la Villemarqué se rencontre ainsi, sans avoir pris la même route, avec les érudits qui ont tiré de aube le nom d’Auberon, à ce que nous apprend l’auteur de Shakespeare and his times, M. Nathan Drake : « Oberon, or more properly Auberon, has been derived by some antiquaries from : « l’aube du jour. » (Paris, 1838, in-8o, p. 503, à la note.)