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Préface.

d’Oberon sentait un peu la sorcellerie. En attendant que la cour statuât sur leur appel, les confrères de la Passion, qui avaient fait de grands frais pour monter leur pièce, comme on dirait aujourd’hui, n’en retiraient point le profit qu’ils en avaient espéré, et se trouvaient, à les entendre, dans l’impossibilité d’acquitter certaines taxes qui leur avaient été imposées. « Lesdits suppliants sont poursuivy de paier plusieurs deniers tant pour les fortifications que empruntz, assavoir pour lesdits empruntz la somme de soixante livres tournois et vingt livres tournois pour les fortifications, lesquelles ils ne pourroient paier sans la provision du parachevement dudit jeu. » Ils demandaient donc que la défense fût levée au moins provisoirement. Le moyen qu’ils faisaient valoir était ingénieux : il réussit, et le parlement leur permit de « parachever le jeu commancé, hormis les heures durant lesquelles se celebre le divin service par les eglises et parroisses de ceste ville, et ce le lendemain de la feste de la Nativité Nostre Seigneur et sans scandale[1]. »

Voilà tout ce que nous savons de ce jeu ou de cette pièce qui n’est point parvenue jusqu’à nous.

Trente ans après, dans une facétie publiée sous ce titre : « Les triomphes de l’abbaye des Conards[2] » on lit une allusion au roman de Huon

  1. Archives de l’Empire, reg. du Parlement, Conseil, à la date susindiquée.
  2. Il s’agit d’une blanque ou loterie d’objets rares parmi lesquels se trouvent : les griffes du griffon de Huon de Bordeaux estimez par le greffier de Lorris à dix huit mil de quarts de ducats d’or. Nous reproduisons ce passage d’après un mémoire de M. Francisque Michel, inséré dans les Actes de l’Académie de Bordeaux, IVe année (1842), p. 118. Nous ajou-