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Préface.

de Bordeaux, qui peut sembler quelque peu irrévérencieuse, mais qui prouve tout aussi bien qu’une autre que le livre n’était point mis en oubli.

D’ailleurs, il fut bien vengé de cette raillerie par l’influence étrange qu’il exerça sur les esprits les plus sérieux, sur des savants, sur des historiens tels qu’André Du Chesne et Guillaume de Catel. Passe encore pour Gabriel de Lurbe d’écrire gravement : « Charlemagne establit Seguin conte et son lieutenant en Guyenne, lequel estoit pere de Huon de Bourdeaus, duquel les romans ont escrit tant de fables[1]. » Mais Du Chesne, qui croit aussi à l’existence de Huon de Bordeaux, sinon à l’histoire de ses faits d’armes[2] ! Mais Catel, qui s’attache à démontrer

    terons que la patte du griffon rapportée d’outre-mer par Huon fut suspendue dans la Sainte-Chapelle de Paris, elle est encore, dit la version en prose (éd. de 1812, t. II, p. 57). Dans un texte en prose du roman d’Alexandre, cité par M. Berger de Xivrey (Traditions tératologiques, p. 484), on lit : « S’il ha (le griffon) les grifz grans et amples, ce n’est point de merveilles...... L’experiance en appert à la Saincte Chappelle à Paris d’un grif d’un petit griffonneau, qui pend ou millieu de la Saincte Chappelle ataché à une chaine, que ung homme d’armes coupa à ung petit griffon, etc. »

  1. Chronique Bourdeloise, citée par M. F. Michel, même mémoire, p. 116,
  2. « Et ce Siguin icy, que je croy le premier comte de Bourdeaux, je ne fay nul doubte que ce ne soit Sevin tué depuis par les Normans, en bataille, pere de Huon surnommé de Bourdeaux, lequel est appelé duc et non comte en la fabuleuse histoire de ses faits d’armes pour ce que ce roman là se rimoit premierement du temps que la Guienne qui avoit Bourdeaux pour chef ne portoit plus autre nom et titre que de duché. » (Les Antiquitez et recherches des villes,