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Préface.

peu d’histoire en dehors des noms propres, et nous prenons la liberté d’en douter.

L’heureuse fortune de notre poëme sous les formes diverses qu’il prit successivement ne se renferme pas dans les limites de la France. Il fut aussi accueilli avec grande faveur à l’étranger. Outre la version néerlandaise en vers dont il a été question ci-dessus, et dont on n’a plus que quatre fragments, il en existe une autre, aussi en vers et complète, que M. Ferdinand Wolf a fait connaître dans son précieux mémoire déjà cité. Cette seconde version n’est, à ce qu’il paraît, qu’un abrégé assez sec du récit primitif. Elle a été imprimée à Anvers par W. Vorstermann dans la première moitié du XVIe siècle, de 1500 à 1544. La lecture en fut défendue par l’évêque d’Anvers. M. Wolf l’a comparée, chapitre par chapitre, au poëme que nous publions et au roman en prose. Nous ne saurions mieux faire que de renvoyer le lecteur curieux à ce travail du savant secrétaire de l’Académie de Vienne.

Vers le temps où l’on publiait ce poëme flamand, paraissait en Angleterre une traduction en prose des Prouesses et faictz merveilleux de Huon de Bordeaux. C’était l’œuvre d’un écrivain de haut rang, sir John Bourchier, lord Berners, qui avait déjà traduit Froissart et d’autres ouvrages français. Sa traduction de Huon de Bordeaux, faite à la prière du comte de Huntingdon, eut le plus grand succès et devint extrêmement populaire[1]. C’est aujourd’hui un de ces livres

  1. Warton, History of english poetry, Londres, 1840, t. III, p 52 et 64.