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DANS LES MERS ASIATIQUES.

à vous. La France règne ici ; quand elle se montre, on s’incline. »

Mais la Compagnie anglaise, connaissant la vérité de ces paroles, entoura de ses intrigues Louis XV et la Compagnie française ; et Dupleix fut rappelé.

Ainsi fut détruit l’immense travail de ce grand homme, qui aurait donné l’Asie à la France et porté la gloire de sa patrie à une incomparable hauteur.

Les traités de 1754 et de 1763 abandonnèrent à l’Angleterre la prépondérance dans l’Inde ; Louis XV, effrayé par la révolution qui menaçait sa puissance, se plongeait dans l’ivresse de la débauche pour ne pas voir l’avenir, et ne voulait penser qu’aux jouissances du jour sans regarder le lendemain. « Tout cela durera bien autant que moi, » disait-il. Cela a duré autant que lui sans doute ; mais, si Louis XV avait voulu affermir son trône et relever ses finances par la possession d’un si magnifique empire, Louis XVI, nous en sommes convaincu, ne serait pas mort sur l’échafaud. En abandonnant l’Inde à l’Angleterre, il ne comprit pas la loi politique qui lui rendait indispensable la possession de colonies lointaines, et inaugura ainsi une politique d’individualisme imprévoyant, vivant au jour le jour, occupé à parer aux dangers du moment, sans s’inquiéter d’assurer à sa dynastie une autorité solide et durable.

Louis XVI, en montant sur le trône, trouva le pays dans une telle agitation, qu’il ne put faire des sacrifices suffisants pour la colonie, et malgré le développement qu’il donna à notre marine, malgré les efforts héroïques de Suffren, nos possessions asiatiques ne firent que décroître.