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LA FRANCE

que de paisibles manufacturiers ? L’aristocratie faisait une concession illusoire, donnait quelques secours, et le calme était rétabli.

La noblesse anglaise est arrivée à un résultat plus étonnant encore ; par l’apparat de son luxe, par des aumônes pharisaïques habilement distribuées, elle a trouvé moyen de remplir d’un grand respect pour elle ce peuple qu’elle pressurait. Elle a si bien réussi que la multitude considère l’aristocratie comme une grande et admirable institution nationale. Cette lordolatry est certainement le chef-d’œuvre de l’habileté humaine, car se faire admirer et respecter de ceux qu’on affame est assurément le triomphe de la politique la plus raffinée.

IV

En dehors de la manière dont l’aristocratie a exercé sa puissance, il y a une haute leçon dans sa conduite.

Elle a montré jusqu’à quel point, par de grandes richesses acquises dans les colonies, par de belles positions offertes à ses mécontents, une nation pouvait établir chez elle une solide et inattaquable autorité.

L’Angleterre ne se contenta pas de détruire au dedans toute possibilité de guerre civile, elle voulut encore établir sa suprématie au dehors.

Sa confiance en elle-même lui donnait vis-à-vis des autres États de l’Europe une supériorité incontestable.

En effet, pendant que chaque pays voyait avec effroi