Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/51

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de grand frais de toilette ; mais l’expression de sa physionomie était restée la même.

— Oui, vous voyez que j’ai fait peau neuve, dit-il en se tournant avec orgueil, pour se montrer sous ses différents aspects.

— Riche et de bon goût, murmura M. Harrison, cependant plus frappé de la bonne mine du gamin que de l’élégance de son costume.

— J’en ai pour six piastres, observa orgueilleusement Joe.

— Et qu’est-ce que tu as fait pour gagner ton argent ? demanda vivement M. Parry.

— Un peu de patience, M. Parry ; je ne peux pas vous montrer le fond de ma boîte, avant d’avoir seulement ôté le couvercle. J’aime à croire qu’on vous a dit ce que Lafortune vient de faire.

— Oui, sans doute.

— M’est avis, reprit le gamin, qu’il a fait une de ces gaffes qui feront époque dans l’histoire de la police.

— Ah ! Ah ! qu’est-ce que je vous disais ? fit M. Harrison en s’adressant à son collègue.

— Oui, continua Joe, je connais M. Robert Halt ; et je mettrais ma main au feu qu’il était aussi ignorant de l’affaire qu’une vache peut l’être de l’arithmétique.

— Quelle preuve y a-t-il contre lui ?

— On a trouvé une liasse de billets contrefaits dans son secrétaire. Mais c’est de l’ouvrage trop grossièrement faite pour ne pas avoir été faite exprès. Il y a quelqu’un qui a mis là ces billets, pour les faire prendre ; et c’est ce quelqu’un qui est l’homme que nous cherchons.

Les deux détectives étaient tout oreilles, et se regardaient l’un l’autre, avec une satisfaction d’amateurs, en face de ce jeune artiste dont le début était une révélation.

— Alors, dit M. Parry, tu penses que c’est-un ennemi de M. Halt, qui a déposé les billets chez lui, pour lui faire du tort ?

— Laissez-le aller, sans l’interrompre, dit M. Harrison à son collègue, le gamin n’est pas au bout de son rouleau.

— Pourriez-vous m’écrire une lettre ? demanda tout à coup Joe, en changeant subitement de conversation.

— Certainement, Joe, nous pouvons faire, cela pour toi.