Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ami Joe eussent été dignes d’attirer l’attention d’un acrobate de profession. Il se glissa avec la souplesse d’un jeune chat jusqu’au bord de l’eau et se laissa glisser dans le fleuve, aussi aisément que s’il eut marché sur la terre ferme.

Une des fenêtres de la cabine était ouverte. C’était le but auquel le gamin s’était promis d’atteindre. À la suite d’une série d’exercices de voltige, Joe passa de la corde à laquelle la goélette était amarrée jusqu’aux rebords du bâtiment et se glissa jusqu’au gouvernail ; puis il se cramponna à une des moulures, dans une situation telle que le haut de sa tête était précisément au niveau de la fenêtre ouverte.

Il se souleva sur les deux mains, pour jeter un regard rapide dans la cabine. Deux hommes y étaient assis devant une table et paraissaient engagés dans un grave entretien. Joe se laissa redescendre un peu au dessous, pour éviter d’être vu et tendit les oreilles, avec toute la force d’attention dont il était capable.

Pendant quelques minutes, il n’entendit rien. Mais peu à peu dans la chaleur de la conversation, les deux hommes élevèrent la voix sans s’en rendre compte.

— Enfin, que vous a-t-il appris ? demandait une voix qui n’était autre que celle de M. Ralph Turner.

— Vous comprenez, répondit la voix de l’homme aux cheveux roux, ou pour le désigner par son véritable nom, du capitaine Langlois, vous comprenez qu’au premier moment il a été un peu inquiet. Je crois qu’il soupçonnait quelque spéculation. Mais aussitôt que je lui ai parlé de son père et de sa mère, ses yeux se sont éclairés comme deux étoiles dans un ciel sombre.

— Vous pouvez vous dispenser de la partie poétique du récit, dit sèchement M. Turner. Lui avez-vous laissé deviner quelque chose du nom et de la résidence de ses parents ?

— Vous pensez bien que je n’en avais garde. Comme il fallait le mettre en confiance, je lui ai dit qu’ils vivaient à Boston et qu’ils appartenaient à une riche famille du pays.