Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/61

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Ce n’est pas avec ce renseignement là qu’il nous mettra des bâtons dans les roues.

— Et en avez-vous tiré quelque chose, au point de vue de ses souvenirs d’enfance ?

— Il se rappelle une grande maison en pierre entourée d’un grand jardin, dans un quartier où toutes les maisons étaient entourées de jardins.

— Comment était la maison ?

— Il n’a pas pu la décrire. Il m’a dit seulement que c’était une maison avec un cache d’architecture ancienne de grand ton.

— Il ne se souvient pas d’autre chose ?

— Si, il se souvient d’une belle dame, habillée avec une robe de soie bleu-ciel, qui portait un médaillon en rubis entouré de brillants, et aussi d’un homme élégant et de haute taille, qui le faisait jouer et qui paraissait l’aimer tendrement.

— Et rien de plus ?

— Rien qui en vaille la peine. Ses derniers souvenirs sont qu’il a été maltraité et contraint de mendier dans les rues, pour le compte d’une vieille femme qui le battait quand il ne rapportait pas d’argent à la maison.

— A-t-il revu cette femme ?

— Non, il ne se doute pas qu’elle habite à Montréal.

— Et heureusement, le logement qui se prépare pour lui au pénitencier nous met pour longtemps à l’abri de ses découvertes, ajouta M. Turner avec un méchant rire.

— Il ne se souvient pas non plus, de la Nouvelle Orléans, reprit l’homme aux cheveux roux. J’ai glissé le nom, comme par hasard, dans une phrase banale, et je suis certain que ce nom ne lui rappelle rien.

— La Nouvelle Orléans ! murmura Joe avec un rire silencieux. Ils sont vraiment bien aimables de me donner tous ces renseignements. En vérité on croirait qu’ils parient, tout exprès pour moi. Et la physionomie du gamin exprima une suprême satisfaction.

— Et maintenant, reprit M. Turner, arrivons aux pièces de conviction ? A-t-il conservé des objets que lui rappellent sa première enfance ?