Page:Anonyme - La goélette mystérieuse ou Les prouesses d'un policier de seize ans, 1886.djvu/8

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dans des réflexions qu’on n’eut guère attendu d’un jeune gamin de son âge. Puis, il tira de sa poche l’enveloppe dont il s’était emparé quelqués minutes auparavant et la contempla avec un regard de triomphe.

— Ah ! je ne veux jamais m’occuper de la chose qu’il faudrait ! Il a oublié aujourd’hui de mettre ses lunettes, mon oncle ! Il me demande qu’est-ce que je pense de sa lettre ! Je sais bien ce que je pense de l’enveloppe. Elle vaut beaucoup plus cher que la lettre, l’enveloppe ; et il y a quelque chose qui me dit que l’heure est venue de montrer ce que je sais faire. Tant pis pour les coquins qui ont monté une conspiration contre mon ami Robert Halt !

En ce moment, les yeux de Joe brillaient comme des escarboucles. Il était vraiment beau, et l’énergie de son regard eut inspiré confiance à celui qu’il venait de prendre si résolument sous sa protection.


CHAPITRE II

UNE LEÇON DE CHANT


En sortant de chez lui, Lafortune s’était rendu au bureau du télégraphe. Il faut croire que la dépêche qu’il avait à envoyer offrait des difficultés particulières, car il lui fallut plus de vingt minutes et encore, avec l’aide d’un dictionnaire de poche, pour venir à bout de son travail.

L’employé regarda curieusement la dépêche et demanda s’il fallait l’envoyer exactement comme elle était écrite.

Certainement, dit Lafortune. Mais peut-être pourriez-vous la relire à haute voix, car je ne voudrais pas avoir écrit un mot pour un autre.

Télesphore Burel, Trois-Rivières, épela l’employé. Chocolat, concombre, chou, cerfeuil, colombine, cobalt, calico, corporel.

« Chartrand. »

Est-ce cela ? dit l’employé. Il me semble que votre vocabu-