que vous ne m’en auriez pas plus de reconnaissance, je n’aurais pas travaillé avec tant d’ardeur. » C’est ainsi qu’Ulespiègle quitta Berlin, ne laissant nulle part une bonne réputation. De là il s’en alla à Leipzig.
CHAPITRE LV.
un chat vivant, cousu dans une peau de lièvre,
pour un lièvre en vie.
lespiègle avait bientôt fait d’inventer une
bonne malice, comme il le prouva à Leipzig.
C’était le mardi gras, jour où les fourreurs
se réunissent pour un banquet ; ils auraient bien
voulu avoir du gibier. Ulespiègle apprit cela, et
pensa en lui-même : « Le fourreur de Berlin ne m’a
pas payé mon travail ; ces fourreurs-ci me le payeront. »
Il s’en alla à son auberge ; il y avait là un
beau chat bien gras qu’il prit sous son manteau,
puis il demanda au cuisinier une peau de lièvre,
disant qu’il voulait jouer avec cela un bon tour. Le
cuisinier lui donna la peau de lièvre, dans laquelle il
cousit le chat ; puis il prit des habits de paysan, s’en
alla devant l’hôtel-de-ville, et tint son gibier caché
sous sa casaque jusqu’à ce qu’il vît venir un des fourreurs.
Ulespiègle lui demanda s’il voulait acheter
un bon lièvre, et lui fit voir celui qu’il avait sous sa
casaque. Ils tombèrent d’accord à quatre gros pour