trop petite ; si vous voulez m’en faire une dont je ne puisse trouver le fond, et dans laquelle je pourrai prendre un denier et en laisser deux, de façon à ce que je ne manque jamais d’argent, je l’achèterai et la payerai volontiers. Quant aux bourses que vous m’avez faites, ce sont des bourses comme toutes les autres, et je n’en ai pas besoin. Si vous trouvez à les placer, saisissez l’occasion. » Là-dessus il partit, et lui laissa les deux florins ; mais le marchand avait bien gâté pour dix florins de cuir.
CHAPITRE LX.
bouchers d’Erfurt.
lespiègle ne pouvait renoncer à ses malices.
Étant à Erfurt, il fut bientôt connu des
bourgeois et des étudiants. Il alla un jour
dans le quartier des bouchers, où la viande était
en vente. Un boucher lui dit d’acheter quelque chose
pour emporter chez lui. Ulespiègle lui dit : « Que
dois-je prendre ? – Prenez un rôti, répondit le boucher.
— Bien ! » dit Ulespiègle ; puis il prit le rôti
et s’en alla. Le boucher courut après lui et lui dit :
« Non, pas ainsi : il faut payer ce rôti. – Vous ne
m’avez pas parlé de payement, dit Ulespiègle ; vous
m’avez seulement dit de prendre quelque chose,
et vous m’avez montré ce rôti et m’avez dit de l’em-