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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

porter chez moi. Je le prouverai par les voisins, qui étaient présents. » Les autres bouchers intervinrent et dirent qu’il avait raison, car ils en voulaient à ce boucher, parce que, lorsque quelqu’un voulait leur acheter quelque chose, il l’attirait à lui et leur enlevait la pratique. C’est pourquoi ils firent de leur mieux pour qu’Ulespiègle gardât le rôti. Pendant que les bouchers disputaient, Ulespiègle mit le rôti sous son habit et s’en alla, les laissant s’arranger comme ils purent.



CHAPITRE LXI.


Comment, à Erfurt, Ulespiègle escroque encore un
rôti à un boucher.



Au bout de huit jours Ulespiègle revint au marché à la viande. Le boucher qu’il avait trompé lui dit d’un ton de défi : « Reviens donc chercher un rôti ! » Ulespiègle dit oui, et voulait empoigner le rôti ; mais le boucher le lui retira vivement. Ulespiègle dit : « Attendez, laissez là ce rôti ; je payerai. » Le boucher remit le rôti sur l’étal. Alors Ulespiègle lui dit : « Si je te dis une chose qui soit à ton avantage, me donneras-tu ce rôti ? – Oui ! dit le boucher ; tu pourrais me dire des choses qui me seraient utiles ; mais tu pourrais aussi m’en dire qui ne me serviraient de rien, et tu voudrais emporter le rôti. – Je n’y toucherai pas, dit Ules-