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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

chand de renvoyer son cuisinier ; qu’elle n’en voulait plus dans la maison, parce qu’elle voyait que c’était un malicieux. Le marchand lui dit : « Sois tranquille, ma chère femme. Il faut que je fasse un voyage à Gosslar ; dès que je serai de retour, je lui donnerai son compte. » Il eut bien de la peine à obtenir que sa femme se contentât de cela.

Le soir, comme ils étaient en train de manger et de boire et qu’ils étaient de bonne humeur, le marchand dit à Ulespiègle : « Doll, prépare la voiture et graisse-là ; nous devons aller demain à Gosslar. C’est un curé qui s’appelle Henri Hamenstede, qui est ici, qui viendra avec moi. » Ulespiègle dit oui, et demanda avec quoi. Le marchand lui jeta un escalin, et lui dit : « Va-t’en acheter du cirage, et dis à la femme qu’elle mette de la vieille graisse avec. » Il obéit. Et quand tout le monde fut couché, Ulespiègle se mit à graisser la voiture, dehors et dedans, et particulièrement à l’endroit où l’on s’asseoit. Le lendemain matin, le marchand et le curé se levèrent de bonne heure, et dirent à Ulespiègle d’atteler les chevaux, ce qu’il fit. Ils montèrent et se mirent en route. Tout à coup le curé s’écrie : « Que diable y a-t-il de gras comme cela ? J’ai voulu me retenir pour n’être pas secoué par la voiture, et je me suis tout sali les mains ! » Ils dirent à Ulespiègle d’arrêter, et qu’ils étaient tout salis devant et derrière, et se mirent à se fâcher contre lui. À ce moment passait un paysan qui s’en allait au marché avec une charretée de paille. Ils en achetèrent quelques bottes, essuyèrent