entendu dire, et c’est la vérité, que devant un malicieux il faut allumer deux chandelles, et c’est ce que je suis bien obligé de faire, car je suis obligé de recevoir toute sorte de monde, un malicieux comme les autres, s’il se présente. » Là-dessus ils se séparèrent. Ulespiègle avait été là et n’y revint pas.
CHAPITRE LXXVIII.
son hôte, qui faisait le brave.
l y avait à Eisleben un aubergiste qui aimait
à railler le monde, et qui faisait le brave et se
croyait un aubergiste au-dessus du commun.
Un jour d’hiver qu’il avait beaucoup neigé, Ulespiègle
arriva dans cette auberge. Trois marchands du
pays de Saxe qui allaient à Numbourg y arrivèrent
le soir à la nuit close. L’hôte, qui avait la langue
bien pendue, les salua et leur dit : « Comment diable
se fait-il que vous ayez été si longtemps en route
et que vous arriviez si tard ? – Monsieur l’hôte,
répondirent les marchands, vous ne devriez pas
nous attaquer ainsi ; il nous est arrivé une aventure
en route ; nous avons rencontré un loup qui nous a
attaqués ; nous avons été obligés de nous défendre,
et cela nous a retardés. » En entendant cela, l’aubergiste
se mit à se moquer d’eux et leur dit que
c’était une honte qu’ils se fussent ainsi laissé attaquer