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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

CHAPITRE II


Comment les paysans et les paysannes se plaignaient
du jeune Til Ulespiègle, et disaient qu’il était
un polisson, et comment il monta à cheval
derrière son père, et ce qu’il y fit.



Aussitôt que Til Ulespiègle fut assez grand pour se tenir debout et marcher seul, il commença à jouer avec les petits enfants. Il faisait toutes sortes de singeries. À peine âgé de trois ans, il se mit à faire tant de polissonneries, que les voisins allaient sans cesse se plaindre à son père, et lui disaient que Til était un polisson. Alors son père lui dit : « Comment cela se fait-il donc, que tous nos voisins se plaignent que tu es un polisson ? — Cher père, répondit-il, je ne fais pourtant rien à personne, et je veux te le prouver clairement. Va, prends ton cheval, et je monterai derrière toi, et nous parcourrons ainsi les rues. Je ne dirai rien, et tu verras qu’ils crieront encore après moi. » Le père y consentit, et le prit derrière lui sur son cheval. Alors Til leva sa robe et montra son derrière, sur quoi les voisins et voisines se mirent à crier : « N’as-tu pas honte, polisson ! » Alors Til dit à son père : « Entends-tu ? Tu vois bien que je ne dis rien, et que je ne fais rien à personne, et pourtant les voilà qui me traitent de polisson. » Alors le père prit son cher fils et le plaça devant lui sur son cheval. Til se tint