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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

L’enfant répondit : « Mon père est occupé à faire un mauvais chemin encore plus mauvais, car il fait des fossés sur les deux côtés pour qu’on ne passe plus dans ses champs. Ma mère est allée emprunter du pain ; si elle en rend de moins, ce sera honte ; si elle en rend de plus, il y aura dommage. » Le cavalier lui dit : « Par où dois-je passer ? – Par où vont les oies, » répondit l’enfant. Le cavalier se mit à suivre les oies, qui s’envolèrent dans l’eau. Il se trouva embarrassé ; il revint vers l’enfant et lui dit : « Les oies ont volé dans l’eau ; je ne peux les y suivre avec mon cheval. – Je vous ai dit d’aller par où vont les oies, dit Ulespiègle, et non par où elles nagent. » Le cavalier continua son chemin, émerveillé des réponses de l’enfant.



CHAPITRE XCVIII.


Comment Ulespiègle devint maquignon.



Ulespiègle avait un cheval rétif dont il voulait se défaire. Quelqu’un qui en avait envie lui dit, après l’avoir examiné : « Mon cher garçon, si tu lui connais quelque défaut caché, dis-le-moi franchement. Je te le payerai convenablement. » Ulespiègle répondit : « Je ne lui connais aucun défaut, si ce n’est qu’il ne va pas sur les arbres. – Je ne veux pas le faire aller sur les arbres, dit le marchand. Si tu veux me le donner pour un bon denier, je le prends.