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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

fait faire ! Si je voulais faire ferrer ainsi tous mes chevaux, il me faudrait bientôt vendre royaume et sujets. Ce n’était pas ma pensée qu’on ferrât ton cheval avec de l’or. » Ulespiègle dit : « Gracieux monarque, vous avez dit que ce devait être la meilleure ferrure, et que je devais m’en rapporter à votre parole. J’ai pensé qu’il ne pouvait y avoir de meilleure ferrure qu’une ferrure en or et en argent. » Le roi répondit : « Tu es mon courtisan favori, tu fais ce que je te dis. » Il se mit à rire et paya les cent marcs pour la ferrure. Ulespiègle fit retirer les fers en or et fit ferrer son cheval avec des fers ordinaires. Puis, tant que le roi vécut, il resta avec lui.



CHAPITRE XXIV.


Comment Ulespiègle l’emporta en malice sur le fou
du roi de Pologne.



Du temps du noble prince Casimir, roi de Pologne, il y avait à la cour de ce monarque un aventurier qui savait de singuliers tours et jongleries, et qui jouait bien du violon. Ulespiègle vint aussi à la cour du roi de Pologne, qui avait beaucoup entendu parler de lui, et pour qui il fut un hôte agréable, car le roi désirait depuis longtemps de le voir et d’entendre ses aventures. Il aimait beaucoup son bouffon. C’est ainsi qu’Ulespiègle et le bouffon se rencontrèrent ; or, comme on dit, deux